Lot n°50

Important bas-relief en bronze doré représentant le buste de profil de François 1er

Adjugé 100 000 €

Important bas-relief en bronze doré représentant le buste de profil de François 1er.
Le Roi est figuré tête nue présentant son profil gauche, le buste dissymétrique, légèrement tourné ;
ses traits sont accusés avec les paupières ourlées et les chairs de la joue indiquant une certaine
maturité ; chevelure courte traitée en fines mèches et en rangs parallèles ; barbe longue, atteignant
le haut de la cuirasse, en mèches aux légères ondulations ; cuirasse à l’antique au col bordé de perles
orné d’une tête d’angelot et d’arabesques avec fines tiges, feuilles charnues et corolles de fleurs ; la
chlamyde est attachée à la cuirasse par des rosaces, avec chutes sur le devant, et recouvrant en partie
les lambrequins de cuir des épaules. Trois tenons de fixation au revers ; usures à la dorure.

Paris, deuxième tiers du XVIe siècle

H. 49,2 L. 45,2 cm

Provenance :
– anciennement sur une cheminée du château de Roujou ou Roujoux, Fresnes (Loir-et-Cher) ;
– acquis avec la cheminée dans le courant du XIXe siècle par Gustave-Armand-Henri de Reiset (1821-1905), diplomate
et homme de lettres ;
– resté depuis dans sa descendance.
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Aucun portrait en bronze de François 1er, de grandes dimensions et réalisé au XVIe siècle, n’est parvenu jusqu’à
nous. Le buste le figurant en armure, la main gauche appuyée sur la taille, son autre main tenant un bâton de
commandement, conservé au musée du Louvre, est une fonte du milieu du XVIIIe que l’on doit au sculpteur Louis
Claude Vassé (inv. MR 1681, fig.a). Il s’agit d’un moulage d’un original en grès, aujourd’hui perdu, qui se trouvait
au château de Fontainebleau.
Le bas-relief que nous présentons est davantage à rapprocher des portraits du Roi réalisés pour des gemmes ou
des médailles. Son style antiquisant dénote une forte influence italienne et on pense aux oeuvres d’un artiste actif
à Milan, Matteo del Nassaro (vers 1490-1547), auquel on attribue plusieurs portraits de François 1er. Cité peintre
du roi en 1521, cet orfèvre de Vérone fit l’essentiel de sa carrière à Paris. Il est très probable que le sculpteur se soit
inspiré de sa médaille en argent, réalisée pour les guerres d’Italie, conservée au Cabinet des Médailles, pour laquelle
on émet la date de 1538 ou de 1544 (Inv. G 55, fig. b). Les similitudes sont en effet nombreuses : traitement de la
chevelure en rangs parallèles, barbe descendant sur le haut de la cuirasse, détails semblables de celle-ci avec rangs
de perles, attaches en rosace, tête d’angelot et rinceaux quoique interprétés avec une plus grande délicatesse sur le
bas-relief.
Avec sa partie inférieure arrondie et ses tenons à l’arrière, notre portrait de François 1er devait trouver sa place
dans un grand médaillon, fixé vraisemblablement sur un fond en marbre. Peut-être ornait-il une entrée ou une
cheminée. C’est d’ailleurs à ce dernier emplacement que fait référence la notice accompagnant une reproduction
en plâtre de ce bas-relief conservée au musée de Blois. Le catalogue des collections du musée édité en 1888 indique
en effet, au numéro 553, sous le nom de Benvenuto Cellini, que ce médaillon de plâtre, donné par M. le comte de
Lezay-Marnésia, ancien préfet du Loir-et-Cher, « a été moulé sur un bronze qui ornait une cheminée du château de
Roujou. Cette cheminée a été vendue il y a quelques années à M. de Reiset ».
Aucun document n’a pu conforter cette attribution à cet illustre orfèvre italien. Il est vrai que l’artiste florentin était
venu une première fois à Paris en 1537 et qu’il y est revenu ensuite, en décembre 1539, à sa libération des prisons de
Rome où il avait été condamné pour le meurtre d’un de ses confrères orfèvres. François 1er était en effet désireux
de l’avoir à son service afin de lui confier la commande de douze grands porte-flambeaux en argent ; un seul fut
réalisé, à présent disparu. C’est vraisemblablement lors de son premier séjour que Cellini réalisa une médaille, de
trois centimètres de diamètre, portraiturant le Roi dont plusieurs exemplaires sont conservés dans de nombreux
musées en différentes matières, bronze doré, bronze ou argent (fig. c). C’est cette médaille, très connue, qui doit être
à l’origine du rapprochement effectué par des érudits entre cette grande plaque de bronze doré et l’orfèvre Cellini,
considéré au XIXe siècle comme un des plus grands artistes de la Renaissance italienne. Cependant ce buste lauré,
au col bordé d’un manteau noué dans le cou, à la cuirasse ornée d’une tête de chimère et non d’angelot, aux mèches
désordonnées de la barbe et de la chevelure, reste assez éloigné de celui du grand bas-relief.
Une analyse, par spectroscopie de fluorescence X, a été réalisée par le laboratoire CARAA afin de déterminer la
composition élémentaire de l’alliage. Il s’agit « d’un alliage de type laiton (Cu-Zn) avec une composition homogène et des
taux de zinc de 16% (en masse) ainsi que des teneurs mineures en plomb et en étain ». En conclusion : « La composition
de la plaque est compatible avec celles d’autres oeuvres en alliage cuivreux analysés et datés du XVe au XVIe siècle. Aucun
taux ou élément chimique anachronique ne permet de déterminer que la plaque serait de facture récente ». Parmi les
compositions des alliages analysés parues dans le catalogue de l’exposition sur les Bronzes français de 2008-2009, celle
de ce François 1er se rapproche le plus de l’alliage de Dame Tholose, une grande figure de bronze fondue par Claude Pehlot
vers 1550. On constate également qu’elle se différencie fortement de la composition de l’alliage de la fameuse Nymphe de
Fontainebleau que Cellini fonda en 1543 dont la teneur en zinc dépasse à peine 1%.
Si cet important portrait de François 1er s’apparente à celui de la médaille dite de François 1er invaincu de Matteo del
Nassaro (fig. b), il en diffère par une grande subtilité des modelés, une finesse du traitement de la chevelure et de la
barbe ainsi qu’une particulière délicatesse des arabesques de la cuirasse à l’antique. Ce bas-relief en bronze doré est
visiblement de la main d’un grand artiste – qui a sans nul doute connu le Roi – sans que l’on puisse assurer que cela
soit celle d’un Cellini.

Ouvrages consultés : The French Bronze . 1500 to 1800, New York, 1968 ; Expositions Paris-New York- Los Angeles
2008-2009, Bronzes français de la Renaissance au Siècles des lumières, musée du Louvre The Metropolitan Museum
of Art J. Paul Getty Museum, cat. sous la direction de G. Bresc-Bautier et G. Scherf ; Exposition Blois 2015, Trésors
royaux La bibliothèque de François 1er,
château royal, cat. sous la direction de M. Hermant, pp. 241-242.

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