Grande Vierge à l'Enfant

Grande Vierge à l'Enfant en pierre calcaire avec traces de rehauts de polychromie et de dorure, dos creusé. De canon élancé, la Vierge tient l'Enfant assis sur son bras gauche; visage ovale aux formes pleines avec les yeux étirés vers les tempes, les paupières inférieures gonflées, le nez droit, la bouche souriante aux commissures relevées; mèches de la chevelure torsadées encadrant la tête et reposant sur les épaules; elle est vêtue d'une robe ceinturée sous la poitrine et d'un manteau revenant sur le devant en tablier; beau drapé en plis verticaux de la robe se cassant au sol, ondulants et tuyautés du manteau notamment sous le bras gauche; ces vêtements étaient à l'origine rehaussés de galons d'or et de motifs d'étoiles et de fleurons; représentation détaillée de la ceinture avec boucle et appliques alternant les rosettes et les pastilles ornant la lanière qui passe en dessous pour tomber dans un pli intérieur de la jupe; l'Enfant, à l'expression aimable porte une longue tunique lui recouvrant les pieds.

Vraissemblablement Portugal, premier tiers du XIVe siècle

H_138 cm

(accidents et manques visibles dont la main droite de la Vierge et aux bras de l'Enfant, quelques restaurations au drapé)

Cette Vierge d'une grande beauté plastique a été réalisée en pierre d'Ançã, calcaire blanc, légèrement jaunâtre, de texture oolithique, au grain fin et homogène, extrait de carrières situées dans le comté de Cantanhebe au Portugal. Cette pierre tendre et facile à travailler, a été très utilisée depuis le Moyen Age dans la région et même dans une partie de la péninsule ibérique pour les bâtiments et pour la sculpture, plus particulièrement celle de la célèbre école de Coimbra dont l'apogée se situe aux XIVe et XVe siècles. Un de ses représentants les plus connus est
Maestro Pero qui aurait collaboré avec Telo Garcia à la statuaire du portail de la cathédrale d'Evora et qui est seulement documenté entre 1334 et 1337.

On peut établir une parenté entre les traits stylisés de cette grande Vierge avec ceux d'une autre Vierge à l'Enfant conservée au musée national de Machado de Castro à Coimbra qui lui est attribuée (fig.): même visage à l'ovale pointu, aux yeux étirés, au long nez droit, aux lèvres fines, au menton lourd et aigu. On remarque également un port de tête semblable et les longues mèches de la chevelure encadrant la tête. L'expression souriante qui anime ici le visage laisserait penser à une réalisation plus tôt dans le XIVe siècle marquée encore par le style aimable de la fin du XIIIe. Cette Vierge serait ainsi un des rares exemples de l'art statuaire du centre du Portugal avant la production bien illustrée et plus tardive de l'école de Coimbra.
Ouvrage consulté: G. Gentili, Ai confini della terra - Scultura e arte in Portogallo 1300-1500, Milan, 2000.

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