Lot n°92

Bas relief attribué à Hans Leinberger

Adjugé 100 000 €
Panneau en tilleul sculpté en haut-relief avec rehaut de dorure représentant La Crucifixion animée de nombreux personnages. Sur un fond de nuées stylisées, le Christ sur sa croix domine la composition avec son corps longiligne, aux membres tendus, sa tête inclinée sur la poitrine ; de part et d’autre sont placées les croix des deux Larrons : celle de gauche, de face, avec le Bon Larron vêtu d’une longue tunique, un pan s’envolant vers l’arrière ; celle de droite, de dos, avec le Mauvais Larron en position rétractée, le corps attaché à la croix par des cordes ; un bourreau monté sur une échelle et muni d’un grand couteau vient couper ses liens. Les trois croix sont traitées en troncs d’arbre avec l’écorce partant en lambeaux. À la partie inférieure sont figurés de nombreux personnages avec, sur la gauche, un groupe marqué par l’affliction. Au premier plan, la Vierge évanouie réconfortée par une sainte Femme et saint Jean ; au second plan, deux autres saintes Femmes et, plus loin encore, représentés en petite taille, des soldats dont on voit les casques et les lances sur fond de rochers. Sur la droite, par opposition, un groupe tumultueux de personnages illustre la rixe pour la tunique du Christ ; un homme debout et de dos, dont le corps élancé est drapé dans le manteau convoité qui lui laisse l’épaule droite découverte, est refoulé par un soldat à l’aide d’une arme d’hast tandis qu’à ses pieds deux autres personnages se battent, l’un armé d’une masse d’arme écrasant de son genou un homme renversé à terre au crâne volumineux ; à l’arrière-plan, on devine entre autres un cavalier à la mine patibulaire et sa monture.

Allemagne du Sud, Bavière, Landshut,

attribué à Hans Leinberger

(actif de 1505 à 1530), vers 1525/30

Hauteur : 27 cm - Largeur : 21,8 cm

Dans un cadre en bois noirci et mouluré du XVIIe siècle fermé par une vitre coulissante

Hauteur : 40,7 cm - Largeur : 35,7 cm

(légers accidents et manques dont la main droite du Christ)

 

Cette étonnante Crucifixion est à replacer dans l’école du gothique tardif allemand en Bavière et du nord de l’Autriche que l’on a appelée la Donauschule, « École du Danube ». C’est une école essentiellement picturale avec des artistes comme Albert Aldorfer ou Wolf Hüber qui transfigurèrent en particulier les traditionnels sujets religieux en les replaçant dans des paysages grandioses et en s’attachant à faire ressentir une sensibilité exacerbée des personnages. Sur ce panneau, la présence de la nature se traduit par le traitement des croix, véritables troncs d’arbre aux écorces déchiquetées, et celle du nuage aux épais bords dentelés derrière la croix du Christ, nuée à la densité oppressante. Plusieurs sculpteurs se sont rapprochés de cette école pour exprimer à leur façon cette nouvelle sensibilité comme Hirschvogel, Lackner, le Maître IP et surtout Hans Leinberger. On ne connaît pas grand-chose des débuts de ce sculpteur, le plus important dans la Bavière de la première moitié du XVIe siècle, qui a du trouver à Vienne les sources de son art, notamment auprès d’Anton Pilgram, architecte et sculpteur morave mort en 1515 dans la capitale du Saint Empire romain germanique. Quand il commence en effet son activité à Landshut, en Forêt noire, Leinberger est déjà en possession de tout son talent. L’attribution de cette Crucifixion à Hans Leinberger semble légitime ; outre la prouesse de l’exécution, révélatrice de la main d’un grand maître, plusieurs caractères et détails appartiennent à son style. On peut notamment rapprocher ce panneau de celui conservé au Bayerisches Nationalmuseum de Munich (Inv. Nr. R 171, fig. a), monogrammé HL et daté 1516, représentant également le même thème. Bien que d’une composition moins complexe, il présente de nombreux points communs : attitudes semblables dans la Pamoison de la Vierge, en bas à gauche, envolée du perizonium rappelant celle du pan de la tunique du Bon Larron, position comparable du corps du Mauvais Larron avec une chevelure tombant en mèches parallèles - manière employée sur plusieurs personnages du panneau - croix traitées en troncs d’arbre, voiles des femmes enserrant les visages comme des casques, similitude dans la représentation des pièces d’armure, morphologie de certaines têtes de soldats, grosses et au crâne au  developpement excessif, similaire à celle du soldat couché au premier plan en bas à droite. Il est possible d’établir bien d’autres relations avec plusieurs oeuvres de ou attribuées à Leinberger comme le retable de Moosburg (vers 1511-14, fig. b et c), la Descente de Croix du Staatliche Museum de Berlin (Inv.5941) ou encore la Vierge de Calvaire en tilleul conservée au Bayerisches Nationalmuseum de Munich (Inv. MA 424, fig. d) pour ne citer que celles-là. Un autre sculpteur appartenant à la même école du Danube, le Maître IP, est également l’auteur de panneaux mettant en scène la Passion. Son style est proche de celui de Leinberger sans toutefois atteindre sa puissance pathétique. Le panneau présenté ici appartient vraisemblablement à la fin de l’activité connue de l’artiste à Landshut que l’on situe en 1530, date au-delà de laquelle il n’est plus documenté. La virtuosité du ciseau est à son sommet avec un souci du détail rendu aussi bien dans les physionomies, le modelé des corps, les drapés des vêtements, l’aspect des matières et des végétaux. L’agitation des acteurs est ici poussée à son paroxysme et l’effet dramatique à son aboutissement.

Références : G. Habich, « Hans Leinberger, des Meister des Moosburger Altares » dans Münchner Jahrbuch der bildenden Kunst, I, 1906, p 113 ; M. Lossnitzer, Hans Leinberger Nachbildungen seiner Kupferstiche und Holzschnitte, Berlin, 1913 ; O. Bramm, « Hans Leinberger, seine Werkstatt aund Schule : Ein Scheidungs - und Klärungversuch » dans Münchner Jahrbuch der bildenden Kunst, V, 1928, p. 116 ;T. Müller, « Hans leinberger : Zur Ausstellung in Landshut » dans Zeitschrift für Kunstgeschichte, I, 1932, p. 273 ; V. Liedke, « War Hans Leinberger ein gebürtiger Nürnberger ? Marginalien zur Herkunft des grossen Landshuter Bildschnitzer » dans Ars Bavarica, IV, 1975, p. I ; A. Schädler, « Zur künstlerischen Entwikling Hans leinbergers » dans Münchner Jahrbuch der bildenden Kunst, XXVIII, 1977, p. 59 ; M. Baxandall, The Limewood Sculptors of Renaissance Germany, New Haven-London, 1980 ; Bayerisches Nationalmuseum München, Munich, 1991, no 38 ; Sculptures allemandes de la fin du Moyen Âge dans les collections publiques françaises

 

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